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Alte

  • Writer: Ellie Meriz
    Ellie Meriz
  • Aug 31
  • 7 min read

Updated: Sep 1


Il y a des endroits que l'on rencontre, un peu comme des personnes, sans véritable hasard. Guidé par soi-même, il semble possible de s'y diriger, et de savoir dès les premiers pas qu'ils nous correspondent.


Entre les monts et les plaines desséchées de l'Algarve au mois d'Août: un point d'eau. Nous arrivons en contrebas du village d'Alte, que nul guide touristique des temps modernes ne nous avait conseillé, mais choisi simplement sur la carte.

La Fonte Pequena est un havre de paix verdoyant: deux, trois passants pour des dizaines de canards flottant tranquillement avec leurs canetons sur une petite rivière, bordée par les arbres protégeant quelques tables de pique-nique rustiques et modestes. Au milieu des paysages arides précédemment traversés en voiture, cet endroit pourrait être un mirage. Certains arbres sont décorés de broderies dont nous ne connaissons pas les auteurs ou autrices: le calme et la magie du lieu pourraient nous suggérer qu'ils se sont vêtus eux-mêmes.


Des poèmes écrits sur des azulejos attirent mon attention. Ils sont tous signés par Cândido Guerreiro, dont la stèle veille sur le lit de la rivière, entre les monts. Je les prends en photo sans les lire vraiment, emportée par ma frénésie de tout capturer: la petite fontaine, le moulin sans eau, la fresque aux deux personnes faisant trinquer leur verre de vin dans leur humble demeure...


Il est 18 heures passées. Nous étions partis tard pour éviter les rayons impitoyables du soleil. Je me presse alors d'explorer la partie centrale du village, et m'aperçois très vite que nous sommes définitivement dans un endroit particulier. L'art urbain attire mon attention: des dessins, cette fois. La signature indique Daniel Vieira. Ses oeuvres, dispersées sur les murs du village, sont principalement musicales: des musiciens, leurs instruments, d'enjoués danseurs populaires sur la Casa do Povo (la maison du peuple). J'entends leurs mélodies.

Des chats se prélassent à l'heure dorée. Mon aventure parmi les ruelles, entre maisons coquettes et façades délabrées - dont une devenue toile pour l'artiste Daniel Vieira - se termine avec la présence d'un petit chien sans laisse que j'aperçois nous observer au loin. Je ne veux pas le surprendre. Nous descendons alors la côte pour regagner la voiture, passant près d'un petit bistrot en contrebas, où les habitants bavardent et nous regardent un léger sourire aux lèvres.


Sur le chemin du retour, je me renseigne sur Cândido Guerreiro, et déchiffre les poèmes capturés dans mon téléphone. Ces vers m'interpellent:

"Porque nasci ao pé de quatro montes,

Por onde as águas passam a cantar,

As canções dos moinhos e das pontes,

Ensinaram-me as águas a falar..."

« Parce que je suis né au pied de quatre montagnes,

Où les eaux chantent en passant,

Les chansons des moulins et des ponts,

Les eaux m'ont appris à parler... »

Moi-même profondément charmée et saisie d'humilité par ce lieu, ses mots prennent immédiatement un sens d'une précision particulière à mon coeur. Je décide que nous y retournions avant la fin du séjour.


Deuxième passage le surlendemain midi, avec déjà un goût de pèlerinage sur les traces de ce poète du siècle dernier, décédé un 11 avril, jour et mois de ma naissance. À côté de notre place de parking se tient la statue de José Cavaco Vieira. J'ignore encore qui il est, mais je décide dans un élan de joie de poser près de lui, le dos face aux monts. Après quelques recherches, j'apprendrai que lui aussi fut un artiste: un amoureux de la musique qui avait créé des collectifs dans le village pour faire perdurer ensemble la musique folklorique de la région.


Je repasse ensuite par la stèle du poète dramaturge, prends le temps de relire les poèmes gravés sur les azulejos bleus, et passe un long moment à observer les canards et remplir mes yeux d'eau et de vert. Puis nous retournons au coeur du village et je m'attarde davantage sur l'art urbain qui lui est si caractéristique. J'avais lu l'avant veille que Daniel Vieira était lui aussi artiste natif du village, et qu'il continuait de peindre et de faire de la musique à 88 ans. Je me rends compte alors qu'arpenter Alte, c'est comme mettre les pieds dans son atelier.

À travers le paysage préservé, je respire l'inspiration des poètes qui y ont vécu. En admirant les danseurs illustrés de la Casa do Povo, j'entends la musique qui y a été joyeusement faite. Je conclus que l'amour de ces artistes pour leur environnement est probablement ce qui rend ce lieu si unique, peut-être parce que leur âme est la même.


Avant de partir, je m'arrête devant la petite bâtisse colorée de Daniel Vieira: son atelier au sens strict du terme. Elle donne sur une terrasse qui fait face à un mont, agrémentée de mobilier rudimentaire. Une table en bois, une chaise en plastique qui me rappelle les après-midis de kermesse d'école, une chaise en osier élégante, deux trois bibelots et une plante sèche. Il n'y a aucun portail, aucun grillage qui en réduit son accès: je me demande si l'on peut y pénétrer pour frapper à sa porte. Ma timidité me l'en empêchera, mais mon coeur restera comblé par la possibilité que son espace aura suggéré.


E. Août 2025


Alte


There are places we encounter, a bit like people, without any real coincidence. Like self-guided, it seems possible to steer towards them, and to know from the very first steps that they are a match for us. Between the mountains and the parched plains of the Algarve in August: some water. We arrive below the village of Alte, which no modern-day tourist guide had recommended to us, but which we simply chose on a map.


La Fonte Pequena is a verdant haven of peace: two, three passersby for dozens of ducks floating peacefully with their ducklings on a small river, bordered by trees that protect the rustic and modest picnic tables. Amidst the arid landscapes previously crossed by car, this place could be a mirage. Some of the trees are decorated with embroidery whose authors we do not know. The calm and magic of the site could almost suggest that they have dressed themselves.


Poems written on blue tiles catch my attention. They are all signed by Cândido Guerreiro, whose headstone watches over the riverbed, between the hills. I take photos of them without truly reading them, eager to capture everything: the small fountain, the waterless mill, the fresco of two people toasting their glasses of wine in their humble home...


It is past 6 p.m. We had left later to avoid being caught in the relentless sun. I hurry to explore the central part of the village, and very quickly realise that we are definitely in a special place. Urban art catches my eye: drawings, this time. The signature indicates Daniel Vieira. His works, scattered on the walls of the village, are mainly musical: musicians, their instruments, joyful folk dancers on the Casa do Povo (the house of the people). I can hear their melodies.

Cats are basking in the golden hour. My adventure through the narrow streets, between quaint houses and dilapidated facades - one of which had become Daniel Vieira's canvas - ends with the presence of a small dog without a leash that I see staring at us from afar. I don't want to surprise it. We therefore head down the hill to get back to the car, passing by a small bar below, where the locals are chatting and watching us with a soft smirk.


On the way back, I research Cândido Guerreiro, and decipher the poems captured on my phone. These verses particularly resonate:

"Porque nasci ao pé de quatro montes,

Por onde as águas passam a cantar,

As canções dos moinhos e das pontes,

Ensinaram-me as águas a falar..."

"Because I was born at the foot of four mountains,

Where the waters sing as they pass,

The songs of the mills and the bridges,

The waters have taught me to speak..."


Myself deeply charmed and humbled by this place, his words immediately take on a meaning of particular precision for my heart. I decide we must return before the end of our stay.


The second visit occurs two days later at midday, already loaded with a sense of pilgrimage in the footsteps of this early 20th Century poet who had passed away on an April 11th, the day and month of my birth.

Next to our parking space stands the statue of José Cavaco Vieira. I don't know who he is yet, but I decide in an enthusiastic impulse to pose near him, our back facing the hills. After some research, I will learn that he too was an artist: a lover of music who had created collectives in the village to perpetuate the folk music of the region.

I then go back by the poet's headstone, take the time to reread the poems engraved on the blue azulejos, and spend a long moment beholding the ducks and filling my eyes with water and green. We then return to the heart of the village and I linger on the urban art that makes it so characteristic. I had read the day before that Daniel Vieira was also a native artist of the village, and that he continued to paint and make music at 88 years old. I suddenly realise that to walk through Alte is actually like stepping into his workshop.


Through the preserved landscape, I breathe in the inspiration of the poets who lived there. Admiring the illustrated dancers of the Casa do Povo, I hear the music joyfully made. I conclude that the love of these artists for their environment is probably what makes this place so unique, perhaps because they share a soul.


Before leaving, I stop in front of the small, colourful workshop of Daniel Vieira: his studio in the strict sense of the term. It opens onto a terrace that faces a mountain, adorned with rudimentary furniture. A wooden table, a plastic chair that reminds me of school fete afternoons, an elegant wicker chair, two or three trinkets and a dried plant. There is no gate, no fence that reduces its access: I wonder if it can be entered so one can directly knock on his door. My shyness will prevent me so, but my heart will remain filled with the possibility that his space will have implied.


E. August 2025

 
 
© 2025 Elodie Pereira

Thank you for your interest in my humble poems and photographs. I guess they're just my way to make sense of life.

 

I'll be sharing my writing in both French and English. My photos will all be taken with Polaroid cameras, latest generations and antique models such as the SX-70.

Hope you enjoy your visit. 

E.

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